Vous êtes ici : Franc- maçonnerie | Articles & Interviews | Pour la Paix article d'Oswald Wirth (décembre 1912)

Pour la Paix

article d'Oswald Wirth (décembre 1912)
© France-Spiritualités™



Cet article a paru originellement dans le N°3 de la revue Le Symbolisme (décembre 1912). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.

Revue 'Le Symbolisme' - N°3 - Décembre 1912      Comme nous l'annoncions dans notre numéro de novembre (page 46), une manifestation maçonnique internationale en faveur de la paix a eu lieu à Paris, le 8 décembre 1912.

      Des FF:. de presque toutes les nationalités répondirent à l'appel de la Grande Loge de France, et, unis à près de cinq cents Maçons français, vinrent témoigner de leur ardent désir de voir la concorde régner entre les peuples.

      Présidée par le F:. G:. MESUREUR, Grand-Maître de la Grande Loge de France, cette imposante assemblée s'est tenue à l'Hôtel Continental, où, déjà en 1907, s'était déroulée une fête maçonnique d'un caractère analogue. Il s'agissait, cette fois, de déterminer l'ensemble de la Franc-Maçonnerie universelle à s'assigner comme tâche spéciale le maintien de la paix entre nations.

      Comme le rappela le F:. PLATEL, Grand Secrétaire Général de la Grande Loge de France, toutes les puissances maçonniques furent conviées à coordonner leurs efforts dans ce sens. La guerre des Balkans et les menaces d'une conflagration européenne motivèrent l'initiative de la Grande Loge de France, mais l'action à exercer ne vise pas uniquement les dangers de l'heure présente. La Maçonnerie peut se trouver impuissante en présence de faits accomplis : elle n'a pas la prétention de peser sur les gouvernements pour leur imposer la paix malgré eux. Mais il lui appartient d'éclairer les peuples, en leur tenant le langage d'une saine et calme raison.

      Sous ce rapport, les discours prononcés le 8 décembre remplirent pleinement leur objet. Ils seront l'objet d'une publication spéciale, qui, largement répandue, ne manquera pas d'exercer dans le monde entier l'influence la plus salutaire.

Portrait de Gustave Mesureur      Dans son allocution, le F:. MESUREUR a tout d'abord voulu ne laisser subsister aucun doute sur le patriotisme des Maçons français. Tous sont décidés à faire entièrement leur devoir et à ne reculer devant aucun sacrifice, si, en dépit de leur amour de la paix, leur pays les appelait à prendre les armes. Le dévouement à sa patrie a toujours été le premier et le plus sacré des devoirs du Maçon. Mais c'est précisément parce que nul ne songe à se soustraire a ce devoir, que tous les Francs-Maçons veulent conjurer la catastrophe que serait pour l'humanité une guerre entre nations civilisées.

      Le F:. HARRENT, Grand Orateur de la Grande Loge de France, aurait pu se laisser entrainer par son éloquence vibrante à faire une peinture tragique des horreurs et des calamités qu'engendre la guerre moderne. Il a préféré s'astreindre à une argumentation sobre et scientifique, en démontrant, par un exposé méthodique des causes et des facteurs de paix et de guerre, que les nations se trouvent fatalement amenées, par la force même des choses, à s'incliner devant une justice commune, en renonçant à vouloir se faire justice elles-mêmes, tout comme les individus, les familles et les collectivités ont successivement renoncé à faire valoir directement leurs droits. Si la lutte est la loi des organismes inférieurs, il faut d'ailleurs reconnaitre, qu'au fur et à mesure que les êtres et les sociétés progressent, la loi supérieure de l'entr'aide leur est graduellement imposée. La guerre est donc destinée à devenir de plus en plus rare, et l'humanité future ne verra plus en elle qu'une abomination du passé.

      Le F:. NICOL, membre de la Délégation permanente des Sociétés françaises de la Paix, est venu très heureusement appuyer ces considérations philosophiques de chiffres pris dans la réalité la plus objective. A combien reviendrait la journée de guerre, si l'Europe mobilisait et si les canons à tir rapide faisaient parler la poudre ? Les peuples seront-ils jamais assez fous pour se lancer dans une aventure qui, pour ne parler qu'au simple point de vue financier, consommerait leur ruine ?

      Après avoir entendu des exposés raisonnés, intentionnellement exempts de déclamation ou d'effets oratoires sensationnels, l'Assemblée a voté à l'unanimité l'ordre du jour suivant :

      « La Grande Loge de France, réunie en sa Tenue solennelle de manifestation en faveur de la Paix ;

      Forte des adhésions reçues des Obédiences maç:. étrangères, avec lesquelles elle est en relation d'amitié ;

      Proclame que la fraternité entre les hommes a pour corollaire nécessaire la fraternité entre les nations ;

      Affirme à nouveau que les principes de justice et de solidarité, base de la morale individuelle, doivent être la règle de conduite entre les nations ;

      Exprime l'avis qu'une politique respectueuse des libertés et des droits des peuples, en même temps que des exigences du progrès général de l'humanité, constitue la meilleure sauvegarde des Patries ;

      Fait appel aux FF:. de tous les pays, pour que, par leur action, ils collaborent à la cessation, par une paix équitable et durable, des hostilités actuelles ;

      Renouvelle l'expression de sa réprobation pour la guerre et de son attachement à la cause de la justice universelle, de la paix internationale. »

      Cette manifestation, en somme, affirme la foi inébranlable des Maçons en général, et des Maçons français en particulier, en la Fraternité. Nous sommes les apôtres d'une grande idée, dont nous poursuivons la réalisation avec une ardeur persévérante qui triomphera de tous les obstacles. Il y a eu commencement d'exécution le 8 décembre 1912, date mémorable qui marquera dans les annales du progrès humanitaire.

      Il y aurait ingratitude à ne point faire mention ici de la colonne d'harmonie, qui a contribué de la manière la plus heureuse à la pleine réussite de la manifestation en faveur de la paix. Après chaque discours, l'effet produit sur l'intelligence a été, pour ainsi dire, transmis au cœur par une musique aux accents discrets, mais pénétrants. Puis, lorsque le F:. NOTÉ, de l'Opéra, accompagné par son collègue, le F:. REY, a chanté l'Hymne à la Paix, tous les auditeurs ont éprouvé une inoubliable émotion d'art. Nous nous faisons donc l'interprète du sentiment général en remerciant chaleureusement ces artistes accomplis et en félicitant les organisateurs d'une fête qui fait le plus grand honneur à la Maçonnerie française.




Site et boutique déposés auprès de Copyrightfrance.com - Toute reproduction interdite
© 2000-2024  LB
Tous droits réservés - Reproduction intégrale ou partielle interdite

Taille des
caractères

Interlignes

Cambria


Mot de passe oublié
Créer un compte FRANC-MAÇONNERIE