Dictionnaire M. Bescherelle
Mythologie grecque
Fils de
Pélée, roi de la Phthiotide en Thessalie, et de Thétis, reine de l'Océan. Les
eaux du
Styx, où il fut plongé, le rendirent invulnérable, excepté au talon, par où le tenait sa mère.
Chiron, son gouverneur, le nourrit de cervelles de
lions et de tigres, et l'instruisit dans la musique, dans la médecine et dans le maniement des armes. L'oracle avait annoncé qu'
Achille mourrait jeune, s'il aspirait à une vie glorieuse ; celui-ci, sans redouter l'oracle, se passionna pour la gloire et partit pour le siège de
Troie, à la tête des
Achéens, des
Hellènes et des Myrmidons, ayant
Phénix pour mentor, et
Patrocle pour ami. Il avait épousé précédemment la jeune princesse
Déidamie, fille de Lycomède, et l'avait rendue mère de Pyrrhis. Bientôt
Agamemnon, qui commandait en chef l'armée des Grecs, avec le titre de roi des rois, se montra jaloux du bouillant courage et des hauts faits d'
Achille, et lui enleva la Troyenne Bréiséis, sa belle captive. Le héros se renferma dans sa tente, et la victoire abandonna les Grecs. C'est en vain que le fier
Agamemnon l'invite à reparaître sur le champ de bataille ; il reste sourd à toutes les voix et refuse les présents les plus magnifiques. Tout à coup, apprenant que
Patrocle vient d'être frappé mortellement par
Hector, il jure de ne prendre aucune nourriture avant d'avoir vengé son ami, s'élance au fort de la mêlée, fait mordre la poussière aux plus vaillants, presse
Hector, l'atteint, lui enfonce sa lance dans la gorge, lui perce les talons, y passe une courroie et le traîne trois fois derrière son char autour de la ville assiégée. Quelque temps après, séduit par la Priamide
Polyxène, il va devenir transfuge et accepte une entrevue avec priam, dans le temple d'
Apollon Thymbrée. C'est là que
Pâris, caché derrière la statue du
dieu, décoche une
flèche qui lui perce le talon vulnérable, et enlève aux assiégeants le plus beau, le plus noble et le plus fameux des guerriers.
Achille : Substantif masculin
Au figuré, se dit de ceux qui ressemblent au héros grec.
C'est un
Achille, un homme d'un courage au dessus de tous les dangers. M. Nap. Landais, tout en consacrant un article démesurément long à ce personnage, a oublié de dire, ce qui en valait pourtant la peine, qu'il s'employait comme nom commun.
Chaque
Achille a son
Homère. (Mass.)
Et dans ce temps guerrier si fécond en
Achilles. (Boileau)
Il faut des Nestors à ces jeunes
Achilles (Fléch.)
Albert, électeur de Brandebourg, fils de Frédéric Ier, fut surnommé, pour ses belles actions, l'
Achille de l'Allemagne. (Trév.)
On dit aussi, au figuré, en parlant d'un homme : C'est mon
Achille, c'est-à-dire mon
bouclier, mon appui, mon défenseur ; celui qui soutient mon droit, qui combat pour ma cause, etc.
Achille :
Dans un sens encore plus figuré, on a appelé
Achille tout argument sans réplique, et, particulièrement, l'argument principal de chaque secte philosophique chez les Grecs.
Zénon d'Elée mettait en comparaison la lenteur d'une tortue avec la vitesse d'
Achille, pour montrer qu'un mobile lent, qui précède tant soit peu un mobile vite, n'en peut jamais être devancé. (Trév.)
Achille :
Nom commun à cinq autres héros qui sont :
1° un fils de la
Terre ;
2° un fils de Jupiter et de Lamie ;
3° un fils de Salatée, né avec des
cheveux blancs ;
4° un précepteur du centaure
Chiron ;
5° un héros qui, dit-on, inventa l'ostracisme.
Achille : Entomologie
Nom d'un papillon nymphale.
Tendon d'Achille : Anatomie
Substantif masculin
Tendon commun aux muscles jumeaux et soléaires, ainsi nommé parce qu'il s'implante au talon, seul endroit où, selon la
Fable,
Achille était vulnérable, et où il fut mortellement blessé par
Pâris.
Plaie du tendon d'
Achille ; blessure, rupture du tendon d'
Achille.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 56.
Dom Antoine-Joseph Pernéty Fils de Pelée et de Thétis, Héros sans lequel les Grecs n'auraient pu s'emparer de la ville de
Troie. Voyez cette
fable et son explication dans tout le cours du livre 6e des
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin Achille, l'Eacide ou petit-fils d'
Eaque, fils de Thétis et de
Pélée, roi de la Phthiotide, naquit à Larisse, ville de Thessalie, sise sur les bords du Pénée. A sa naissance, Thétis, sa mère, l'avait plongé dans l'
eau du
Styx, et l'avait rendu invulnérable, excepté au talon par où elle le tenait. Elle se chargea elle-même de sa première éducation, et lui donna pour gouverneur et père nourricier
Phénix, fils d'Amyntor, prince des
Dolopes, réfugié à la cour de
Pélée. Ensuite il eut pour maître le centaure
Chiron qui, en ornant sa belle intelligence des connaissances les plus utiles, ne négligea pas de développer et de fortifier son
corps. Il le nourrissait, dit-on, de cervelles de
lion et de tigre, afin de lui communiquer un courage et des
forces irrésistibles.
Dans son enfance, sa mère lui ayant proposé d'opter entre une carrière longue et obscure, et une vie courte, mais glorieuse, il préféra
la dernière. Cependant, Thétis, instruite par les oracles qu'on ne prendrait jamais
Troie sans lui, mais qu'il périrait sous ses murs, l'envoya en habits de jeune fille, et sous le nom de Pyrrha, à la cour de Lycomède, roi de Scyros. A la faveur de ce déguisement, il se fit connaître de
Déidamie, fille de Lycomède, l'épousa secrètement, et en eut un fils nommé
Pyrrhus.
Lorsque les princes grecs se rassemblèrent pour aller au siège de
Troie,
Calchas leur prédit que cette ville ne pourrait être prise sans le secours d'
Achille, et leur indiqua le lieu de sa retraite.
Ulysse s'y rendit, déguisé en marchand, et présenta aux femmes de la cour des bijoux et des armes.
Achille se trahit lui-même en préférant les armes aux bijoux.
Ulysse l'emmena au siège de
Troie, et c'est alors que Thétis donna à son fils cette armure impénétrable, ouvrage de
Vulcain.
Achille devint bientôt le premier héros de la Grèce et la terreur des
ennemis. Pendant qu'
Agamemnon rassemblait ses troupes, le fils de Thétis prit plusieurs villes de la Troade et de la
Cilicie, entre autres Thèbes, patrie d'
Andromaque. Mais dans le cours du siège,
Achille ayant été d'avis de rendre la jeune
Chryséis à son père,
prêtre d'Apollon, et de faire cesser par là la peste qui désolait le camp des Grecs,
Agamemnon offensé lui enleva une autre captive,
Hippodamie, surnommée
Briséis ou fille de Brisès. Cette insulte l'irrita au point qu'il se retira dans sa tente, et cessa de combattre.
Sa retraite assura la victoire aux Troyens ; mais
Patrocle son ami, qui avait emprunté ses armes, ayant été vaincu et dépouillé par
Hector, il demanda une nouvelle armure à sa mère, retourna au combat, et vengea la mort de son ami par celle d'
Hector qu'il attacha à son char et traîna ainsi plusieurs fois autour des murailles de
Troie et du tombeau de Patrocle ; il le rendit ensuite aux larmes de
Priam son père.
Après la mort d'
Hector, les princes grecs furent appelés chez
Agamemnon à un grand festin, dans lequel ils examinèrent les moyens de se rendre maîtres de
Troie.
Achille se déclara pour la
force ouverte,
Ulysse pour la ruse, et l'avis de celui-ci l'emporta.
Suivant Ovide, l'
amour causa la mort d'
Achille : épris des charmes de
Polyxène, fille de
Priam, il la demanda en
mariage ; et, lorsqu'il était sur le point de l'
épouser, au moment où Déiphobe l'embrassait,
Pâris le blessa au talon d'un coup de
flèche. C'est, dit-on,
Apollon lui-même, qui avait dirigé le trait. Cette blessure fut mortelle.
On a observé, avec raison, que la
fable qui suppose
Achille invulnérable n'était pas reçue du temps d'
Homère. Ce poète n'avait garde d'adopter une fiction qui eût déshonoré son héros.
Achille, selon lui, fut blessé en combattant, et les Grecs livrèrent autour de son
corps un combat sanglant qui dura tout un
jour. Thétis, ayant appris la mort de son fils, sortit du sein des
eaux, accompagnée d'une troupe de nymphes, pour venir pleurer sur son
corps. Les Néréides environnèrent le
lit funèbre, en poussant des cris lamentables, et revêtirent le
corps d'habits immortels ; les neuf Muses firent entendre tour à tour leurs plaintes lugubres. Durant dix-sept
jours, les Grecs pleurèrent avec les déesses ; et le dix-huitième, on mit le
corps sur un bûcher. Ses cendres furent enfermées dans une urne d'or, et mêlées avec celles de
Patrocle. Après qu'on lui eut élevé un magnifique tombeau sur le rivage de l'
Hellespont, au promontoire de Sigée, Thétis fit exécuter des
jeux et des combats, par les plus braves de l'armée, autour de son tombeau.
Achille fut révéré comme un demi-dieu. L'oracle de Dodone lui décerna les honneurs divins, et ordonna que des sacrifices annuels fussent offerts sur sa tombe.
Dans les combats héroïques, le char prenait une large part à la lutte, et, par conséquent, l'habileté du cocher contribuait beaucoup à la victoire. Aussi, quand on raconte l'
histoire d'
Achille, on doit au moins mentionner son cocher, d'ailleurs célèbre,
Automédon.
La lance d'
Achille avait la vertu de guérir les blessures qu'elle avait faites ; mais il fallait toutefois que le héros y consentît.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 365-369.