Cet article a paru originellement dans le N°170 de la revue
Le Symbolisme (février 1933). Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités.
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Franc-Maçonnerie >> Articles & Interviews Un observateur attentif notera que l'
esprit public est imbu d'un nouvel internationalisme,
imposé par la logique des faits plutôt que par l'
amour fraternel.
Il nous contraint d'en faire l'expérience, nous
force d'être tolérants
et de nous y complaire.
Un tel observateur verra dans cet internationalisme et cette
tolérance les avant-goûts de ce qu'apporte au monde une nouvelle
révélation. Ces vertus-surs ne sont pas nées de l'
esprit,
mais sont mises au monde après qu'a été faite l'expérience
fatigante de toutes autres choses. Il est de toute évidence que ceci produit
deux méthodes distinctes pour amener l'humanité à un plus
haut degré de spiritualité, ou de vie.
D'un côté, nous voyons les saints d'ici-bas, attirés par la
beauté de l'état de sainteté, inspirés par un sentiment
de fraternité universelle, telle celle que nous inculque l'
idéal
maçonnique bien compris. D'un autre côté, nous trouvons la
grosse majorité des gens à l'intelligence moyenne, amenés
à accepter cette idée de fraternité par l'expérience,
péniblement acquise, de ce que rien autre ne travaille à la faire
prévaloir.
A l'heure actuelle, il semble probable que rien ne peut forcer le genre humain,
pris dans son entier, à faire un pas de plus vers la perfection, sauf s'il
comprend que son intérêt personnel dépend de l'intérêt
général.
Le mirage qui soutient les
initiés est toujours en
uvre, animant les maîtres spirituels de leur
génération.
Mais, les temps désespérés que nous vivons sont nécessaires.
Ils rachètent le genre humain, en montrant les mensonges nuageux que nous
avons pris pour vérités, en prouvant que rien ne se réduit
aussi facilement en poussière que le succès poursuivi par des compétitions
mortellement mercantiles. Quelquefois, grâce à une confusion de l'
esprit,
l'acte de
charité est montré comme un égoïsme nécessaire,
parce qu'il procure quelque satisfaction au donateur. Mais la façon, et
le motif, de donner valent mieux que ce qu'on donne.
Il existe véritablement un égoïsme illuminé,
tellement supérieur à la manière habituelle qu'il mériterait
une autre appellation, qui cherche le profit personnel tout en aidant autrui.
Cette sorte de largeur d'
esprit est autant au-dessus de l'égoïsme
étroit qu'elle est au-dessous de l'
altruisme d'un saint mû par pur
amour.
Il est paradoxal que l'égoïsme, source de tant de maux, puisse être
employé pour approcher de son opposé : l'
amour fraternel. Mais nous
avons vu que de douloureuses expériences contraignent aujourd'hui l'intérêt
personnel à reconnaître et adopter la
tolérance, vertu produisant
à son tour la gratitude qui se transmuera en
amour, dont la nature est
de devenir réciproque.
Ainsi, la
force des événements oblige chaque homme à se rapprocher
de son
frère. Peu à peu, nous verrons tout le monde reconnaître
ce fait : que les hommes, Anglo-Saxons ou Latins, sont
frères.
Aucun groupement,
aucune organisation ne font mieux que la
Franc-Maçonnerie pour dégager
cette vérité, en écartant les causes de mésentente,
en s'appliquant à mieux comprendre les problèmes qui se posent devant
l'humanité.
Dans cette voie, la Société des
Philalèthes,
qui recherche la vérité parmi toutes les nations, accomplit un travail
dont l'ampleur commence à être appréciée par tous les
hommes de bonne volonté poursuivant le même but.
Cyrus Field Willard, F. P. S.
(Adapté de l'anglais par Marius Lepage)