Dictionnaire des sciences politiques et sociales (Au singulier,
Carbonaro.) Célèbre société secrète de l'Italie, dont l'origine remonte dit-on à la
dissolution des républiques italiennes, et dont les membres prirent le nom de
carbonari, charbonniers, soit parce qu'ils se réunissaient dans les
bois, déguisés en charbonniers, soit plutôt parce que ces sociétés étaient nées d'anciennes filiations industrielles, comme celles des
Francs-Maçons et d'autres semblables. Il est certain, en effet, qu'en France, comme en Italie, il existait des affiliations plus ou moins secrètes entre les personnes habitant les
forêts, surtout les charbonniers, associations dont les membres s'appelaient
bons cousins, nom par lequel on les désigne encore aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, il se forma après 1815, en Italie, une
vaste association politique sous le nom de
carbonari, dans le but de renverser
les gouvernements qui venaient d'être établis. Cette association, dont plusieurs fois des membres furent découverts par les gouvernements et punis de la manière la plus rigoureuse, aboutit néanmoins à provoquer les insurrections momentanément victorieuses de Naples et du Piémont, en 1820 et 1821. Ces insurrections ayant été promptement réprimées, grâce à l'intervention autrichienne, les
carbonari italiens furent poursuivis sans pitié ; une partie d'entre eux furent emprisonnés ou exilés ; quelques-uns périrent sur l'échafaud, le reste se dispersa. Mais peu auparavant, une société toute semblable s'était constituée en France, et avait adopté la même organisation. Les réunions de la société se nommaient
ventes. Les
ventes particulières étaient au bas de l'échelle ; celles-ci étaient reliées entre elles par les
ventes centrales, qui correspondaient avec les
hautes ventes ; la direction de la société tout entière appartenait à la
vente suprême, dont quelques membres des ventes centrales connaissaient le personnel. Toutes les ventes de même ordre étaient inconnues l'une à l'autre, et chacune ne correspondait avec la vente supérieure que par un seul délégué. Des règlements terribles assuraient le secret, et chaque membre devait prononcer, lors de sa réception, un serment solennel. Chaque associé devait se procurer des armes. Les
carbonari de France avaient le même but que les
carbonari italiens, et une vaste conspiration fut tramée pour renverser ,le gouvernement. Mais les mouvements tentés sur divers points échouèrent tous, et quelques-uns des membres de la société payèrent de leur tête leurs tentatives malheureuses (1821 et 1822). Cette société perdit par suite son importance et se dispersa, et il n'en restait plus que des vestiges lors de la révolution de 1830.
A. Ott - Dictionnaire des sciences politiques et sociales, publié par l'abbé J.-P. Migne (1854), p. 949
Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif masculin [Mot italien qui signifie charbonnier ; on dit au pluriel carbonari]
Nom des membres d'une société politique et secrète qui paraît
s'être formée en Italie au commencement du
XIXème siècle, et qui, après la chute des nouvelles républiques italiennes, avait pour but l'expulsion de l'étranger et l'établissement d'un gouvernement
démocratique. Cette soicété se répandit en France vers 1818.
Un
carbonaro. Des
carbonari.
Les
carbonari se divisaient en petites compagnies de vingt membres, nommées
ventes, qui envoyaient des députés à une assemblée
centrale nommée
vente suprême. On les a quelquefois, mais à tort, confondus avec les francs-maçons.
Carbonaro : Par extension
Partisan exagéré de la
démocratie.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 540.