Adrien Ier, pape, né à Rome, d'une famille distinguée, fut élu en 772, après la mort d'
Etienne III, dans un moment où l'
Eglise de Rome avait besoin d'un nouveau protecteur. Les vexations des empereurs d'Orient contre quelques-uns des prédécesseurs d'Adrien (Voyez
Martin Ier,
Eugène Ier et
Silvère) avaient fait naître au peuple romain, aussi bien qu'au pape, le désir de se soustraire à la domination de la cour de Constantinople. Cette puissance était d'ailleurs bien affaiblie en Italie par son éloignement et par l'établissement des Lombards. Ceux-ci, de leur côté, n'en agissaient pas toujours très bien avec la cour de Rome. Quelques-uns de leurs monarques avaient fait au pape des donations que leurs successeurs avaient révoquées ;
Etienne II avait imploré le secours de Pépin, qui avait obligé Astolfe à une entière restitution. Didier, à son tour, revenait sur l'exécution du traité. Déjà il avait repris plusieurs villes de l'
exarchat. Adrien s'adressa encore au roi de France.
Charlemagne, qui régnait alors, vint secourir le
pontife, et porta ses armes dans la Lombardie. Au milieu des opérations du siège de
Pavie, il se rendit à Rome pour visiter Adrien, qui le reçut avec des honneurs extraordinaires : ce fut là qu'il confirma au pape la donation de Pépin, en y faisant de grandes augmentations. Adrien, à son tour, créa
Charlemagne patrice de Rome. Ainsi fut commencée une révolution mémorable qu'Adrien ne vit pas achever, le rétablissement de l'empire d'Occident ; il ne fut témoin que de la chute de la monarchie des Lombards. Au reste, il est bon d'observer que la donation de
Charlemagne ne consistait encore qu'en droits utiles. Adrien en fit un digne usage ; il secourut les Romains affligés de la famine, enrichit l'
église de St-Pierre de magnifiques ornements, et répandit d'abondantes aumônes.
Il envoya des
légats qui occupèrent la première
place au second
concile de Nicée, convoqué contre les
iconoclastes, et à celui de Francfort, où fut condamnée l'opinion d'Elipand.
Il mourut le 26 décembre 795, après avoir occupé le saint siège pendant 23 ans 10 mois et 17
jours. Il fut regretté des Romains, qui le pleurèrent comme leur père.
Charlemagne l'honora aussi de ses larmes, et lui fit une
épitaphe où il joignit son nom
à celui du
pontife, dans ces vers dictés par une
religieuse amitié :
Nomina jungo simul titulis, clarissime, nostra :
Hadrianus, Carlus, rex ego, tuque pater.
Quisque legas versus, devoto pectore supplex,
Amborum mitis, dic, miserere Deus.
Adrien joignait à de grandes vertus, des talents politiques
et littéraires. En faisant présent à
Charlemagne du Recueil des canons, des
Epîtres des papes et des Décrétales, il l'accompagna d'une
épître en forme de poème, dont chaque vers commence par une lettre du nom du monarque. C'était, pour ce temps-là, un ouvrage très recherché.
Adrien Ier eut pour successeur
Léon III.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 196)