STATUTS DE L'ORDRE
Déclaration de Principes
§ 1er. La Ligue du
Labarum, fondée à
Paris le 10 novembre 1895, et s'inspirant des enseignements infaillibles du Pape,
Vicaire de N.-S. Jésus-Christ et successeur de
Saint Pierre, proclame que la
Franc-Maçonnerie, Synagogue de Satan, est le grand
Ennemi actuel de la Sainte
Eglise Catholique,
Apostolique et Romaine.
En conséquence, la Ligue, due à l'initiative de
Catholiques résolus
à défendre leur Sainte Mère l'
Eglise. même au prix de leur sang, prend le titre de
Ligue du Labarum Anti-Maçonnique,
Ordre Catholique Militant pour la défense de la Foi, des droits et des biens de l'Eglise contre la Franc-Maçonnerie. La Ligue entreprend, contre l'infernale secte, une guerre à outrance, défensive et offensive, qu'elle ne cessera qu'au
jour du triomphe définitif de la
Religion, c'est-à-dire au
jour de l'avènement du règne social de Jésus-Christ reconnu Roi de France par les pouvoirs publics.
§ 2. Les Fondateurs de la Ligue, bien
pénétrés des vérités lumineuses répandues
sur le monde par l'immortelle Encyclique
Humanum Genus, ont considéré avec douleur l'immensité des maux et des ruines dont la
Franc-Maçonnerie a été le principe pour l'humanité, et pour l'
Eglise Catholique en général, et pour la France en particulier. Ils ont entendu la grande voix du Souverain
Pontife Léon XIII, glorieusement régnant, appelant les peuples à secouer le joug de l'exécrable secte, dont les chefs scélérats sont de vrais suppôts de l'enfer. Ils
se sont dit : « Le Pape nous convie à la lutte, par les moyens surnaturels
et naturels ; nous ne serions pas dignes de notre nom de chrétiens, si
nous fermions l'oreille à son appel si pressant et déjà plusieurs
fois répété. L'heure a sonné des résolutions
viriles. Le satanique
Ennemi a juré de détruire jusqu'aux derniers
vestiges de la
Religion du Sauveur ; partout il s'avance, gagnant chaque
jour du terrain et insultant tout ce que nous avons de sacré, dans la joie de sa victoire, due à la mollesse des
Catholiques qui sont pourtant le nombre et se laissent opprimer. Eh bien, puisqu'il le faut, nous serons les victimes
expiatoires ; nous serons les
martyrs, dont le sang, versé avec bonheur,sera le remède à cet excès de mal ; nous serons les nouveaux
croisés de la guerre à l'Ante-Christ maçonnique ; le cur rempli de haine pour Satan et d'
amour pour notre Roi
Jésus, nous mourrons dans les délices du sacrifice, heureux si notre trépas arrête l'
invasion infernale, la fait reculer et suscite des héros pour lui reprendre le terrain qu'une coupable indifférence lui a laissé conquérir. En guerre ! en guerre ! Puisque le Pape l'a dit,
Dieu le veut ! »
§ 3. Voulant atteindre leur but par les moyens
les plus pratiques de la piété et du dévouement, les Fondateurs
de la Ligue du
Labarum ont approfondi et approuvé le programme d'études
élaboré, les 1er et 2 août 1895 par le Comité National
Français chargé spécialement de propager dans notre pays
l'idée d'un prochain Congrès Anti-Maçonnique International,
sous la présidence d'honneur de S. E. le
Cardinal Parocchi,
Vicaire de
Sa Sainteté.
Ils ont médité ce programme d'études, et ils ont acquis la conviction inébranlable que, pour terrasser la satanique
Franc-Maçonnerie, il est urgent de constituer contre elle une organisation permanente, avec toutes les
forces vives qui voudront bien se consacrer à cette uvre de salut.
Ils ont donc adopté ce programme, et ils en ont fait la base de leur action militante.
Première partie
Pour bien saisir toute l'étendue du mal causé par la
Franc-Maçonnerie, il faut répondre aux questions suivantes :
I. Qu'est-ce que la
Franc-Maçonnerie ? II. Quelles sont les principales ruines déjà causées par elle ? Par quels moyens a-t-elle pu causer tant de ravages ? IV. Quels sont ses projets pour l'avenir ?
I. Qu'est-ce que la Franc-Maçonnerie ?
Il faut ici bien préciser son but et indiquer les diverses
étapes qu'elle a parcourues pour l'atteindre. Il faut aussi dire quelques mots de son
histoire, en négligeant les
fables que l'on a su y mêler. (Cet enseignement doit être une partie de la mission de tout bon
Catholique, anti-maçon militant ; car il est nécessaire d'instruire le peuple, abusé par la secte qu'il croit inoffensive, et de l'instruire publiquement. Le bon
Catholique, anti-maçon militant, doit être un apôtre de la vérité.)
Au fond, la
Franc-Maçonnerie est l'
église de Satan, organisée par l'
ennemi de
Dieu pour perdre les
âmes, et avec l'espoir de détruire l'
Eglise de Jésus-Christ.
II. Quelles sont les principales ruines déjà causées par elle ?
Elles portent sur tous les points : la vie
religieuse et la vie civile ; la vie privée et la vie publique ; la vie sociale et la vie politique ; la vie nationale et la vie internationale ; l'enfance, l'âge mûr, la vieillesse ; les idées, les sentiments et les murs, les institutions et les lois.
Voici les principales :
1° La ruine de la vérité révélée, ou le naturalisme, en jetant sans cesse le discrédit et la négation sur tout ce qui nous vient directement de
Dieu ;
2° La ruine de la vérité naturelle, ou le matérialisme, en accoutumant les hommes à n'envisager que les intérêts matériels, quand elle ne va pas jusqu'à nier l'existence de
Dieu et celle de l'
âme.
3° La ruine de la morale, en facilitant la corruption dont elle se fait le premier des moyens d'action, et en poussant sans cesse les
âmes vers la triple concupiscence.
4° La ruine de la civilisation chrétienne, en dénigrant tous les progrès qui sont
dus à l'
Eglise, et en exaltant sans cesse ce qui a été fait par les païens ou par les
ennemis du Christianisme.
5° La ruine de la paix sociale, en prêchant la révolte contre l'inégalité des conditions, et par la
destruction des
corporations ouvrières.
6° La ruine de l'union entre les peuples et de la stabilité des Etats, en fomentant sans cesse les
divisions et les révolutions au gré de ses caprices ou de ses intérêts.
7° La ruine de l'
Eglise catholique, dans la mesure ou elle a pu la consommer, surtout par l'usurpation des Etats de l'
Eglise.
On peut dire encore que la
Franc-Maçonnerie est la mère du militarisme et le principe des charges que le militarisme impose aux nations de l'
Europe,
On peut dire qu'elle est la mère du socialisme ; car, en détruisant les vraies notions de l'autorité et de la propriété, elle a préparé les abus de l'une et de l'autre, et motivé la réaction violente qui menace d'emporter la société tout entière vers une nouvelle barbarie.
On peut dire enfin qu'elle est la mère du prolétariat moderne et de la plus grande partie des maux dont souffre la classe ouvrière ; car toutes les laïcisations dont elle a été l'inspiratrice ont eu surtout pour résultat dans les
âmes le sentiment de la justice pour les faibles.
III. Par quels moyens a-t-elle pu causer tant de ravages ?
C'est d'abord par l'enseignement, c'est-à-dire par la diffusion de l'erreur. Elle a choisi quelques faits historiques, capables d'être dénaturés, et, ainsi dénaturés, d'
inspirer au peuple le mépris et l'horreur de l'
Eglise Catholique.
Son organisation, sa discipline, son secret, et les crimes devant lesquels elle n'a pas reculé, sont d'autres causes de son succès.
Il faut y
ajouter la complaisance et la complicité des pouvoirs publics, puis l'
ignorance, l'indifférence ou même la lâcheté des
Catholiques.
IV. Quels sont ses projets pour l'avenir ?
Il est de toute évidence qu'elle aspire à compléter son uvre
néfaste. Il faut le montrer, avec des documents précis, et bien détacher où elle en est de l'exécution de son programme.
Mais il faut que chaque pays analyse exactement le mal qu'elle a accompli chez lui, et qu'on puisse ensuite montrer, par un tableau d'ensemble, les grandes lignes de son uvre dans le monde entier.
Seconde partie
D'autre part, il ne suffit pas d'instruire le peuple du mal accompli par la secte maçonnique, ainsi que de ses moyens passés et présents et de ses projets futurs ; il est nécessaire également d'étudier la
question de la lutte à engager contre la
Franc-Maçonnerie. De là, les
divisions suivantes de cette importante question :
I. Possibilité de la lutte. II. Moyens à employer. III. Organisations à faire.
I. Est-il possible de lutter efficacement contre la Franc-Maçonnerie et même de la vaincre ?
Evidemment, ils ont tort ceux qui la proclament invincible. Mais il ne faut pas se contenter des moyens naturels, car le démon est là ; il y met comme une incarnation de sa puissance, et cette puissance, il la tire de nos péchés :
qui facit peccatum, servus est peccati.
L'
Eglise a pu vaincre le
paganisme, toutes les erreurs et toutes les hérésies :
omnia possum in eo qui me confortat. Si nous avions employé contre ce nouvel
ennemi les moyens qu'employèrent, avec tant de succès, les premiers Chrétiens contre le
paganisme antique, la
Franc-Maçonnerie serait vaincue depuis longtemps.
II. Quels moyens faut-il employer ?
Des moyens naturels et des moyens surnaturels.
Parmi les premiers, il faut placer la diffusion des secrets de la Maçonnerie et du mal qu'elle nous a fait. L'Encyclique
Humanum Genus contient à cet égard les plus précieuses indications.
Cette diffusion doit être faite par la plume et par la parole, par le journal et par la gravure, par les conférences privées ou publiques, pour démasquer l'
ennemi sur tous les points.
Mais les moyens surnaturels sont beaucoup plus nécessaires encore ; sans eux, toute l'action humaine, que nous pourrions déployer contre la
Franc-Maçonnerie, pourrait tourner contre nous.
Parmi les moyens surnaturels, il faut placer d'abord les maximes
évangéliques, qui contiennent l'
esprit de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, par suite, l'étude approfondie et la méditation fréquente de l'
Evangile. Les maximes du monde et l'
esprit naturaliste, dont la
Franc-Maçonnerie s'est fait l'apôtre et dont elle tire sa principale
influence, ne peuvent disparaître que devant l'
esprit surnaturel fortement
nourri des maximes de l'
Evangile.
Il faut y
ajouter la prière, la pénitence, l'
expiation sous toutes ses formes, surtout la Sainte
Eucharistie, dans ses trois parties, savoir : la messe, la communion, l'adoration réparatrice.
III. Quelle organisation faut-il faire pour rendre efficace la lutte contre la Franc-Maçonnerie ?
L'organisation à créer doit être à la fois nationale et internationale ; il faut y mettre l'action privée et l'action publique.
Il serait à souhaiter qu'il fût possible d'avoir un comité permanent international, dont le principal rôle serait de préparer des Congrès internationaux, puis d'assurer l'exécution de leurs vux, et enfin de centraliser les documents des divers pays, pour en faire bénéficier les divers comités nationaux.
Quel concours le Tiers-Ordre de
Saint-François peut-il donner à cet égard ? Ne devrait-il pas pour cela recevoir quelques modifications ?
Comment suppléer à la protection que les hommes d'un pays, spécialement les marins et les commerçants, reçoivent dans d'autres pays, précisément parce qu'ils sont francs-maçons ?
L'organisation nationale peut varier avec les pays ; elle peut s'attacher à l'organisation civile ou a l'organisation ecclésiastique. Mais il en faut une partout, et partout son but doit être de faire employer, avec autant d'intrépidité que de persévérance, les moyens naturels et les moyens surnaturels. »
En étudiant ce programme, les Fondateurs de la Ligue se sont dit qu'il ne leur appartenait pas de proposer des modifications au Tiers-Ordre de
Saint-François, et ils ont pensé qu'une organisation absolument nouvelle, répondant aux desiderata de ce programme, pouvait être créée sans délai, le péril maçonnique s'aggravant chaque
jour davantage.
Sans perdre de
vue les intérêts généraux de l'
Eglise et du Saint-Siège, ils ont songe à la France, leur patrie terrestre bien-aimée, où l'infernale secte, installée officiellement au pouvoir, en la personne du Chef de l'Etat, de la majorité des deux
Chambres, des principaux Ministres, des Conseils élus de la Capitale et des grandes villes, et d'une multitude de hauts fonctionnaires, ne cache plus ses noirs desseins et annonce, sans aucun voile, par les organes d'une presse radicale, dont les rédacteurs sont membres des Loges et Arrière-Loges, qu'elle aura anéanti avant trois ans, tout d'abord, les Congrégations
Religieuses, honneur et gloire de la Nation.
Ils ont jugé qu'il fallait réaliser immédiatement le programme du salut national ; donner l'exemple aux autres peuples ; respecter toutes les initiatives
chrétiennes, qui se disposent ou se disposeront à engager la lutte contre la
Franc-Maçonnerie, d'une manière et avec des armes différentes des leurs ; se faire même les auxiliaires dévoués de tous Comités anti-maçonniques qui se fondent ou se fonderont.
Ils ont estimé, enfin, qu'ils avaient une mission à remplir en dehors, mais à côte, de l'œuvre
éminemment nécessaire du Congrès Anti-Maçonnique International ; car la création d'une Ligue Anti-Maçonnique militante ne peut que contribuer au succès de ce Congrès, en formant une phalange d'élite de
Catholiques anti-maçons résolus et bien disciplinés, qui, sans prétendre à aucune ingérence dans la direction de l'uvre parallèle, en seront les propagateurs actifs, les soutiens assurés et permanents, non seulement pour le premier Congrès, mais encore pour tous les Congrès futurs.
Chaque pays pouvant avoir une Ligue du
Labarum, si le mode de fonctionnement du
Labarum de France est apprécié comme étant d'une heureuse inspiration et rendant des services réels à la bonne cause, l'uvre des Fondateurs français pourra devenir universelle, être une véritable Contre-Maçonnerie ; et, d'autre part, aucune fédération nationale ainsi constituée n'ayant prééminence sur les autres, mais toutes au contraire vivant en parfait accord, sur le pied de l'égalité chrétienne et sous le contrôle des Pasteurs de chaque
diocèse, il s'ensuivra que le
Labarum Anti-Maçonnique sera à la fois national et international : national, par l'indépendance réciproque des fédérations des divers pays ; international, par sa communauté de système, par sa conformité de mode de fonctionnement, par son unité d'enseignement, de pratique et de procédé de
propagande. Tous
Frères, sans distinction de nationalité ; tous
Frères dans le
Labarum du
Vatican, dans l'obéissance au Pape, généralissime de toutes les fédérations de
ligueurs !
§ 4. – En conséquence de ce programme, l'action de la Ligue sera double : elle agira extérieurement et intérieurement.
uvres d'action extérieure :
La Ligue du
Labarum n'est pas une société secrète ; elle n'a à cacher aucun de ses enseignements ni aucun de ses actes. Elle exercera son action extérieure en multipliant les réunions de
propagande anti-maçonnique, où les
catholiques non-ligueurs seront admis à titre d'invités. Dans ces réunions, ainsi publiques, l'enseignement sera donné aux adhérents pour leur
initiation personnelle, mais de telle sorte qu'il profite à l'assistance tout entière ; les manuvres et les ruses, les
infamies et les crimes de la
Franc-Maçonnerie seront, en outre, dévoilés par des conférences, qu'organiseront les groupes de la Ligue, avec le concours d'orateurs
ligueurs ou non-ligueurs indistinctement. La Ligue du
Labarum mettra, d'une façon constante, en pratique le précepte du grand Pape
Léon XIII, précepte qu'elle considère comme un ordre formel : « Arrachez à la Franc Maçonnerie le masque dont elle se couvre, et faites-la voir telle qu'elle est. »
Au surplus, la Ligue maintiendra toujours à ses assemblées un caractère
religieux, ses Fondateurs ayant la conviction profonde qu'aucune victoire n'est possible sans le secours d'En-Haut. Par l'exemple de ses réunions, par son mépris absolu du scepticisme et du respect humain, elle propagera l'habitude de la prière dans les sociétés ayant en
vue le relèvement de la Patrie, habitude que l'indifférence d'un siècle d'
impiété a fait perdre et qu'il importe de faire reprendre partout. La Ligue du
Labarum s'est donné la mission de réveiller la France Chrétienne ; avec l'aide de
Dieu, elle la réveillera !
uvres d'action intérieure :
Tout en n'étant pas une société secrète, la Ligue du
Labarum est une association circonspecte et discrète ; elle unit la prudence à la résolution, comme les Chrétiens des premiers âges, qu'elle prend pour modèles. Faisant appel aux bonnes volontés de tous les
Catholiques dévoués, désirant fournir à tous le moyen de coopérer à son uvre, même a ceux qui par leur situation sociale sont sous la dépendance d'un adversaire oppresseur des consciences, la Ligue établit comme règle que chacun de ses membres aura un nom de
ligueur, sous lequel seul il sera appelé dans les réunions et désigné sur les registres et procès-verbaux ; au dehors, chacun sera libre de se divulguer soi-même comme membre de Ligue, mais nul ne pourra divulguer l'affiliation d'un autre
ligueur à moins de son consentement exprès. Pareille discrétion à l'égard des personnes sera demandée aux
Catholiques non-ligueurs qui assisteront aux séances des groupes en qualité d'invités ; par contre, on leur fera bien savoir qu'elles peuvent raconter tout ce qu'elles auront vu et répéter tout ce qu'elles auront entendu dans les assemblées de la Ligue.
La Ligue du
Labarum ne veut pas se borner à répandre, par la publicité donnée aux assemblées plénières de ses groupes, l'enseignement anti-maçonnique qui fera la lumière sur les manuvres et les scélératesses de la secte qu'elle combat ; elle ne limite pas son plan de campagne aux actes de cette divulgation vengeresse, destinée à éclairer le peuple, s'il plaît à
Dieu. Elle veut aller plus loin et plus haut dans son
apostolat.
Cette lumière qu'elle ambitionne de répandre au dehors, la Ligue entend en pénétrer ses
adeptes tant et si bien que chacun, peu à peu, devienne à son tour un foyer ardent ; elle veut que chaque
ligueur,
Frère ou Sœur labariste, s'en imprègne au point d'être en mesure de répondre, dans les conversations courantes, à toutes les objections des adversaires de mauvaise foi et des indifférents aveugles qui s'obstinent à ne pas comprendre la gravité du péril maçonnique. Par ses
initiations graduées et par la multiplicité des conférences instructives et probantes auxquelles ses
adeptes seront tenus d'être assidus, elle veut faire passer dans l'
âme de tous le sentiment raisonné, bien compris, indéracinable, qui
anime ses Fondateurs, savoir : dans la guerre faite à l'
Eglise par la
Franc-Maçonnerie, il y a autre chose qu'un tournoi engagé par des hommes contre d'autres hommes, il y a autre chose qu'une lutte terrestre, c'est-à-dire il y a l'action même du diable, la continuation de la révolte de Satan, dans la rage de sa défaite rage éternelle comme sa chute et son supplice, rage de maudit qui se traduit en une haine effroyable de l'humanité, rage de
destruction et de blasphème, rage centuplée par la connaissance qu'il a de son impuissance à atteindre
Dieu et de la vérité de la parole divine :
Non prævalebunt ; rage, enfin, qu'il cherche sans cesse à assouvir en perdant les
âmes.
La Ligue du
Labarum, non contente de défendre la Sainte
Eglise, veut donc encore disputer à Satan les
âmes des francs-maçons, de même que les missionnaires vont dans les pays lointains lui arracher les
âmes des païens et des sauvages. Par les vertueuses chrétiennes qui apporteront à cette uvre de salut leur zèle et leur
charité, la Ligue se fera discrètement l'auxiliaire des mères, des épouses, des surs, qui gémissent de voir un des leurs glisser sur la pente de l'abîme, mais qui manquent d'une aide instruite et ayant une action possible, pour tenter de sauver l'infortuné, dupe des mensongères promesses de la secte.
Plus loin encore et plus haut ira la Ligue du
Labarum. Des crimes se commettent dans certaines Arrière-Loges, dans les
Ateliers occultes de la Haute-Maçonnerie ; la Divine
Eucharistie est profanée, le Pain des
Anges est foulé aux Pieds, les suppôts de l'Enfer tentent de renouveler sur l'
Agneau immaculé le meurtre cruel du
Golgotha. Eh bien, la Ligue aura des
martyrs volontaires, qui s'offriront à
Dieu pour
expier ces crimes, ces
sacrilèges profanations.
Le
Labarum Anti-Maçonnique aura des
Frères et des Surs qui diront chaque matin dans leur prière : « Seigneur prenez ma vie, et que les francs-maçons se convertissent ! »
Cette
abnégation poussée aux dernières limites ne sera demandée à personne, lors de l'entrée dans la Ligue, ni en aucun passage à un degré supérieur d'
initiation. Offriront seuls ce sacrifice ceux et celles qui s'y sentiront poussés par cette
force intérieure dont la puissance est irrésistible au plus beau
jour de la vie, par cette
force triomphante que connaissent bien, pour en avoir éprouvé le choc délicieux, ceux et celles qui ont eu le bonheur de faire une bonne première communion. A ces fidèles du
Labarum qui pourront ainsi s'offrir en holocauste, leurs
Frères et leurs Surs diront avec reconnaissance, comme les soldats disent à ceux d'entre eux qui sont désignés pour aller en sentinelles perdues ou à quelqu'une de ces missions aux avant-postes, d'où l'on ne revient pas : « Soyez salués par tout notre respect, par toute notre affection ; car, c'est grâce à votre sacrifice que sera remportée la victoire. »
§ 5. – En dehors de ce qui vient d'être exposé, il va de soi que la Ligue se manifestera, toujours avec discrétion et prudence, mais toujours aussi avec la générosité des
âmes loyales, comme une association essentiellement fraternelle dont l'utilité pour tous sera d'autant plus efficace qu'elle prendra de plus en plus de l'extension. En cela, nous
répondrons aux vux d'un grand nombre de
catholiques, qui demandent depuis longtemps la création d'une uvre basée sur un système international, quoique agissant par fédérations nationales, et opposant, dans le monde entier, à la solidarité du mal la solidarité du bien.
Est-il besoin de dire aussi que l'incognito, garanti dans les cas indiqués plus haut, ne saurait être un sujet de défiance à l'égard de notre uvre elle-même ? car rien n'est plus facile que de rassurer sur ce point les
Catholiques qui, ne tenant pas compte des difficultés des temps présents, oublieraient qu'aux époques de persécution les catacombes sont parfois nécessaires et nous marchanderaient pour cela leur approbation. En effet, la Ligue du
Labarum prend pour règle
immuable de n'avoir rien de secret pour lés Autorités
diocésaines ; les livres et registres de chaque groupe seront toujours à la
disposition de l'Ordinaire. Si, d'une part, les assemblées plénières des groupes seront ouvertes aux
Catholiques non
ligueurs, à titre d'invités, d'autre part, les séances de comité elles-mêmes seront ouvertes à tout délégué ecclésiastique que l'Autorité
diocésaine voudra bien envoyer.
La Ligue du
Labarum, qu'on le sache bien, est
catholique fidèle et soumise. Elle combat pour
Dieu ; par conséquent, elle obéit au Pape. Si en France elle ne sollicite pas l'approbation officielle des
Evêques, c'est parce qu'en France la persécution
sectaire sévit même contre l'
Episcopat ; c'est parce que, dans ce pays, l'hypocrisie maçonnique qui gouverne ose prétendre que nos
Evêques sont des fonctionnaires de l'Etat athée ! Or, nous qui voulons, dans cette lutte, aller jusqu'au bout, jusqu'à nous faire tuer, s'il le faut, non en insurgés, mais en victimes n'ayant d'autre défense que notre
Croix du
Labarum Anti-Maçonnique, nous aimons trop nos
Evêques pour donner contre eux un prétexte d'aggraver la persécution. Mais si les Fondateurs de la Ligue se sont trompés dans leur zèle
catholique, si le Pape venait à ordonner demain à la Ligue de se
dissoudre, la Ligue du
Labarum Anti-Maçonnique se dissoudrait immédiatement.
Oui, obéissance au Pape ! obéissance même dans la douleur de poser les armes, s'il le fallait ! Les héroïques
zouaves pontificaux de 1870 n'ont-ils pas obéi, sans murmurer, quand, le 20 septembre, après la brèche ouverte par l'
infâme Cadorna, le doux Pie IX, voulant arrêter l'
effusion du sang de tant de braves qui ne demandaient qu'à mourir, ordonna de ne plus résister à la horde piémontaise envahissant la Ville-Sainte ?... S'il le fallait, nous,
zouaves du
Labarum, qui défendrons le pouvoir spirituel, comme les soldats de
Charette ont défendu le pouvoir temporel, nous obéirions de même au Pape, brisant nos armes ; nous obéirions, sans un murmure... Car le Pape est infaillible ; il ne peut ni se tromper ni nous tromper. Quand il épargne le sang de ses
enfants, il faut encore le remercier et le bénir. Quand le Pape fait arborer le drapeau parlementaire, il ne capitule pas ; non, le
Vicaire du Christ ignore ce qu'est une capitulation ! La vérité est qu'il proteste et se résigne à être prisonnier ; mais la victoire n'est que retardée, la délivrance se fera tôt ou tard, le Pape captif attend avec confiance l'heure de
Dieu.
Non prævalebunt !...
§ 6. – En résumé, la Ligue du
Labarum, se plaçant sous le patronage de
Saint Michel Archange et de la
Vénérable Jeanne d'Arc, veut refouler la
Franc-Maçonnerie dans l'Enfer d'où elle provient ; mais, ne haïssant pas les hommes, elle veut aussi la conversion des francs-maçons.
Son plan de campagne est bien défini, et si net que personne ne peut s'y méprendre :
I. Sonner le ralliement contre l'
Ennemi et s'aguerrir, par la
propagande publique sous toutes ses formes ;
II. Harceler et amoindrir l'
Ennemi, en lui reprenant les malheureux, trop crédules, qu'il a embrigadés par des mensonges ;
III. Débusquer l'
Ennemi, en éventant ses manœuvres, en arrachant les masques des francs-maçons, en se faisant l'auxiliaire dévoué de tous les comités
catholiques qui combattent la secte sur d'autres terrains que le nôtre ;
IV. Se soutenir contre l'
Ennemi, par l'union matérielle et morale, fraternelle et dégagée de toutes considérations politiques de parti ; se rendre forts par la foi et la discipline, par la déférence respectueuse aux sages avis de Nos Seigneurs les
Evêques, et par l'obéissance absolue à Notre Général en Chef, le Pape ;
V. Vaincre enfin l'
Ennemi, en sachant mourir, en ayant au cur l'ambition de verser notre sang pour le triomphe de l'
Eglise et le salut de la Patrie.