Pierre Commelin En général, tous les
dieux qui
étaient choisis pour patrons et protecteurs d'un lieu public
ou particulier, tous les
dieux dont les Etats, les cités,
les maisons éprouvaient la protection, en quelque genre que
ce fût, étaient appelés "
Lares".
On distinguait donc plusieurs sortes de
dieux Lares, outre ceux
des maisons qu'on appelait domestiques ou familiers. Ceux-ci, gardiens
de la famille, avaient leurs statues en petit modèle auprès
du foyer ; on en prenait un soin extrême ; certains
jours,
on les entourait de
fleurs, on leur mettait des
couronnes et on
leur adressait de fréquentes prières. Cependant, il
arrivait quelquefois qu'on perdait tout respect à leur égard,
comme, par exemple, à la mort de quelques personnes chères
: alors, on les accusait de n'avoir pas veillé à leur
conservation, de s'être laissé surprendre par les génies
malfaisants.
Les
Lares publics présidaient aux édifices,
aux carrefours, aux places de la ville, aux chemins, aux champs
: ils étaient même chargés d'éloigner
les
ennemis. A Rome, les
Lares avaient leur temple dans le Champ-de-Mars.
Janus,
Apollon,
Diane,
Mercure étaient réputés
dieux Lares des Romains. Le culte des
dieux Lares est venu, paraît-il,
de ce que l'on avait coutume primitivement d'enterrer les
corps
dans les maisons. Le peuple crédule s'imagina que leurs
âmes
y demeuraient aussi, et il les honora bientôt comme des génies
favorables et propices. Plus tard, quand la coutume se fut introduite
d'enterrer les morts le long des grands chemins, on regarda aussi
les
Lares comme
dieux protecteurs des routes.
Il convient d'
ajouter que les
Lares ne pouvaient
être que les
âmes des bons ; on donnait le nom de "
Lémures"
aux
âmes des méchants. Les
Lémures, génies
malfaisants et inquiets, apparaissaient, disait-on, sous la forme
de fantômes, et se faisaient un malin plaisir d'effrayer et
de tourmenter les vivants. On les appelait aussi "
Larves".
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 206-207.