Dom Antoine-Joseph Pernéty Géants nés du
Ciel et de la
Terre, selon Hésiode ; de
Neptune et d'Amphitrite, suivant Euripide. Les Poètes nous les ont représentés comme ministres de
Vulcain pour le service de sa forge. Ils n'avaient qu'un il rond au milieu du front.
,
Apollon, pour se venger de ce qu'ils avaient forgé les foudres dont Jupiter frappa Esculape, les tua à coups de
flèches, ce qui fut cause que Jupiter le bannit du
Ciel. Voyez les
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, dans les chapitres de
Vulcain et d'
Apollon.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin Les
Cyclopes,
géants monstrueux,
fils de Neptune et d'Amphitrite, et, selon d'autres, du
Ciel et de la
Terre, n'avaient qu'un il au milieu du front, d'où vient leur nom (
Racines "
Cuclos", cercle, et "
ops", regard). Ils vivaient des
fruits que la terre leur donnait sans culture, et du produit de leurs troupeaux. Ils n'étaient gouvernés par aucune loi. On leur attribue la construction primitive des villes de
Mycènes et de Tyrinthe, formées de masses de pierres si énormes qu'il fallait deux paires de bufs pour traîner la plus petite.
Aussitôt qu'ils furent nés, Jupiter les précipita dans le Tartare, mais ensuite les mit en
liberté, à l'intercession de
Tellus (la
Terre), qui lui avait prédit sa victoire. Ils devinrent les forgerons de
Vulcain (
Héphæstos), et travaillaient soit dans l'île de Lemnos, soit dans les profondeurs de la
Sicile, sous l'
Etna. Ils fabriquèrent pour
Pluton (
Hadès) le casque qui le rend invisible, pour
Neptune
le trident avec lequel il soulève et calme les mers, pour
Jupiter la foudre dont il fait trembler les
dieux et les hommes.
Les trois principaux
Cyclopes étaient
: Brontès, qui forgeait la foudre, Stéropé,
qui la tenait sur l'enclume, et
Pyracmon, qui la battait à
coups redoublés ; mais ils étaient plus d'une centaine.
On a raconté qu'
Apollon, pour venger son fils Esculape, frappé
de la foudre, les tua tous à coups de
flèches.
Plusieurs poètes les ont considérés
comme les premiers habitants de la
Sicile, et les représentent
comme des anthropophages. Cependant, malgré leur cruauté
ou leur barbarie, ils furent mis au rang des
dieux ; et, dans un temple
de Corinthe, ils avaient un
autel sur lequel on leur offrait des sacrifices.
Le plus grand, le plus fort et le plus célèbre
des
Cyclopes était Polyphème,
fils de Neptune et de
la nymphe
Thoosa. Il se nourrissait surtout de chair humaine.
Ulysse
ayant été jeté par la tempête sur les
côtes de la
Sicile où habitaient les
Cyclopes, Polyphème
l'enferma avec tous ses
compagnons et des troupeaux de moutons dans
son antre, pour les dévorer ; mais
Ulysse lui fit tant boire
de vin, en l'amusant par le récit du siège de
Troie,
qu'il l'enivra. Ensuite, aidé de ses
compagnons, il lui creva
l'il avec un pieu.
Le
Cyclope se sentant blessé poussa
des hurlements effroyables ; tous ses voisins accoururent pour savoir
ce qui lui était arrivé ; et, lorsqu'ils lui demandèrent
le nom de celui qui l'avait blessé, il répondit que
c'était Personne (car
Ulysse lui avait dit qu'il s'appelait
ainsi) ; alors ils s'en retournèrent, croyant qu'il avait
perdu l'
esprit. Cependant,
Ulysse ordonna à ses
compagnons
de s'attacher sous les moutons pour n'être point arrêtés
par le
Cyclope, lorsqu'il lui faudrait mener paître son troupeau.
Ce qu'il avait prévu arriva, car Polyphème,
ayant ôté une pierre que cent hommes n'auraient pu
ébranler et qui bouchait l'entrée de sa caverne, se
plaça de façon que les moutons ne pouvaient passer
qu'un à un entre ses jambes. Lorsqu'il entendit
Ulysse et
ses
compagnons dehors, il les poursuivit, et leur jeta à
tout hasard un rocher d'une grosseur énorme ; mais ils l'évitèrent
aisément, et s'embarquèrent après avoir perdu
seulement quatre d'entre eux, que le
Cyclope avait mangés.
Polyphème, malgré sa férocité
naturelle, devint amoureux d'une Nymphe de la mer, de la Néréide
Galatée qui était elle-même éprise du jeune
et beau berger Acis. Indigné de cette préférence,
il lança un bloc de rocher sur le jeune homme, et l'écrasa.
A cette
vue,
Galatée se jeta dans la mer et rejoignit les Néréides
ses surs ; puis, à sa prière,
Neptune changea Acis
en un
fleuve de
Sicile.
La
fable du
cyclope Polyphème a inspiré
plus d'un peintre, notamment Annibal Carrache et Le Poussin.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 149-151.