Dictionnaire M. Bescherelle
Adjectif des deux genres [Du latin mysticus]
Qui est
allégorique. Ne se dit que des choses de la
religion.
Le sens
mystique de l'Ecriture sainte. Il ne faut pas entendre ce passage à la lettre, cela est
mystique.
L'
Eglise est le
corps mystique de Jésus-Christ. Vous devez sans cesse monter et descendre comme les
anges que vit Jacob dans cette échelle
mystique.
(Bossuet)
Et Jésus-Christ même se voyait contraint, au grand malheur des hommes ingrats, de chercher d'autres voiles et d'autres ténèbres, que ces voiles et ces ténèbres
mystiques dont il se couvre dans l'
Eucharistie.
(Bossuet)
Tantôt l'écho des pyramides redit à l'ombre de Pharaon les
cantiques de ce fils de la
mystique famille de Joseph. (Chateaubriand)
Mystique :
Qui s'adresse au sentiment, et le prend surtout pour organe. La
religion est essentiellement
mystique.
L'époque à laquelle les doctrines
mystiques ont pris le développement le plus étendu se rencontre dans les premiers siècles du christianisme. (Artaud)
C'était une perfection
mystique de ne plus connaître ni père,
ni mère, ni
épouse, ni
enfants, ni amis. (Artaud)
Le
platonisme avait déjà un élément
mystique
quand il déclarait la guerre aux sens, sous prétexte qu'ils sont un obstacle à l'essor de l'
âme lorsqu'elle veut prendre son essor vers
Dieu. (Artaud)
Lettres mystiques : Grammaire
Se dit des lettres grecques
ν,
θ,
ζ,
α et
ω.
Testament mystique : Jurisprudence
Testament écrit ou du moins signé par le testateur, et remis par lui clos et scellé à un notaire, en présence de six témoins.
Mystique :
Qui raffine sur les matières de dévotion, et sur la spiritualité.
Auteur, livre
mystique.
Ecole mystique :
On comprend sous ce nom les divers philosophes qui ont pris le
mysticisme pour
base de leurs systèmes, et qui l'ont envisagé sous divers aspects.
Théologie mystique :
Connaissance infuse de
Dieu et des choses divines, qui émeut l'
âme d'une manière douce, dévote et affective, et l'unit à
Dieu intimement, éclairant son
esprit, et échauffant sa volonté d'une manière affective et extraordinaire.
Mystique : Substantif des deux genres
Celui, celle qui a la prétention d'établir un commerce direct de l'
âme avec
Dieu et avec le monde invisible, sans l'intermédiaire des sens.
C'est un grand
mystique. Les vrais, les
faux mystiques.
Bossuet dit que les
mystiques n'ont songé qu'à percer les nues, et à se faire perdre de
vue par leurs lecteurs.
Les
mystiques dédaignaient les intérêts du monde, les passions, les plaisirs ; ils renonçaient de plus à toute activité
intellectuelle, morale et physique.
C'est ainsi quelquefois qu'un indolent mystique,
Au milieu des péchés, tranquille fanatique,
Du plus parfait amour pense avoir l'heureux don,
Et croit posséder Dieu dans les bras du démon.
(Boileau)
Mystique :
Mme de
Grignan compare les
mystiques aux
faux monnayeurs : Les uns, dit-elle,
à
force de s'alambiquer l'
esprit, font des hérésies, et les autres, à
force de souffler, font de la fausse monnaie.
Mystique : Histoire ecclésiastique
Membre d'une secte qui s'éleva au IIIème siècle, et dont la doctrine a encore un grand nombre d'adhérents dans le monde. Les
mystiques pratiquent un culte tout intérieur, et aspirent à un état de contemplation passive, se
fondant sur la croyance que l'
Esprit divin prie et agit en nous.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 603.